Philosophie

Extrait du livre "Petite philosophie des arts martiaux" écrit par André Guigot

L'amour de la sagesse ne s'impose pas à l'art du combat. Dès l'origine, que l'on peut situer en Inde puis en Chine il y a plus de cinq mille ans, l'histoire des arts martiaux se confond avec une recherche de paix et d'harmonie avec soi-même et le monde extérieur. Le philosophe moderne [...] a tout à gagner à redécouvrir ce que fut l'enseignement du corps et de l'esprit tel qu'il fut pratiqué en ces temps anciens. Au-delà, la vie moderne a tendance à nous faire oublier l'essentiel par des séparations arbitraires : l'âme et le corps, le travail et la recherche du bonheur, le sport et la vie quotidienne. [...] La maîtrise de l'art du combat permet d'affronter sans crainte non seulement d'éventuels agresseurs, [...] mais aussi, plus sereinement la vie quotidienne. [...] L'homme et la femme très modernes ont chacun à gagner à pousser la porte d'un dojo, et au quotidien, à augmenter leur puissance d'agir. La nature violente des techniques, dont certaines sont ni plus ni moins destinées à tuer (!), vise, paradoxalement à produire un monde meilleur, harmonieux, si possible sans violence et sans haine… Quel curieux paradoxe, pour nous autres si habitués à confier notre défense, voire la simple culture de notre corps et de notre esprit à des « spécialistes » : militaires, policiers, professeurs de bien-être en tout genre. L'intérêt des arts martiaux ne réside pas dans son aspect mystique : c'est bien du corps qu'il faut partir pour maîtriser son âme. Mais le but n'est pas a priori de détruire ce qui nous entoure (assaillants, ennemis réels ou potentiels, voisins, collègues…). Le philosophe et le sportif qui sommeillent tous les deux en chacun de nous (si, si !), peuvent donc se réveiller, devenir des réalités au grand étonnement de soi-même, accessoirement de l'entourage.